[Puisqu'il n'y a pas d'autres réponses j'enchaine, ceux qui arrivent peut être déjà là, ou en retard au choix. Soyons gentil pour cette intro']

Légèrement appuyé sur le rebord de son bureau, Nowaki observait les élèves arrivés. Il répondait simplement dés qu’on le saluait, et reprenait gentiment ceux qui l’oubliaient. Non mais, si l’on ne savait même plus dire bonjour, où était la politesse. En attendant que la salle se remplisse petit à petit, le regard du nouveau professeur se balada entre la porte, les nouvelles têtes et la fenêtre, dans un cercle incessant. Pourquoi la fenêtre ? Parce que c’était la seule chose qui le tranquillisait lorsque son envie de cigarette lui titillait les narines. Il ne fallait pas qu’il pense à ces toxines, non l’air pur était bien meilleur ! Toutefois ça lui aurait au moins occupé ses dix doigts, lui qui commençait à ressentir un certain trac à l’idée de son premier cours devant cette pelle de jeunes filles ! Il n’avait probablement pas quoi s’inquiéter. Ce n’était qu’une petite présentation, une prise de contact. Rien et plus et pourtant, le doute subsistait. Celui-là même qui lui faisait penser qu’un incident pouvait toujours se produire. Cette idée agaçante qu’un élève viendrait simplement pour l’enquiquiner, simplement pour l’embêter. Le genre d’élève qu’il avait été en somme…

Il inspira doucement. Examinant les têtes qu’il avait en face de lui, il se rassura. Pour l’heure il n’y avait quasiment aucun garçon. Ça limitait les risques n’est-ce pas ? Ces visages féminins n’oseraient pas s’opposer à sa carrure. C’était évident ! Gonflant ainsi son orgueil, il regarda plus attentivement les jeunes gens face à lui. Il y avait des petites têtes sérieuses, calmes, curieuses ou intimidées. Tout un tas de visage qui seraient bientôt canalisé sur ses paroles. Oui, ça devait être ainsi. C’était son rôle de professeur désormais. Il laissa encore entrer deux ou trois personnes puis referma la porte. Il était l’heure de commencer. Les mains dans le dos, il se plaça à côté de la sa table d’exposition :

« Bonjour à toutes… et à tous » déclara-t-il après s’être assuré de la présence des deux sexes dans sa salle.
« Bienvenue ! Je suis votre nouveau professeur d’Ikebana. Je m’appelle Ao Nowaki… » continua-t-il en écrivant son nom d’un style ferme mais lisible.

Il revint ensuite à sa position initiale et reprit avec un brin de sévérité :
« Avant de commencer réellement, je tiens à vous signaler quelques détails. Ecoutez-les bien, car je ne les répèterais pas ! Premièrement, sachez que je ne supporte pas quand quelqu’un parle en même temps que moi. Deuxièmement, il vous est strictement interdit de jouer avec le matériel, ou les plantes. Quiconque dérogera à ses règles se verra sévèrement puni par mes soins »

A ces mots il afficha un sourire légèrement sadique, et toisa la salle une seconde. Cela ne rassurerait pas les plus peureux, mais il voulait que ce soit clair. Peut-être avait-il l’air léthargique, mais il n’en était pas moins sûr de lui. Il fit un pas en avant et se radoucit un peu :

« Enfin cela vous devez déjà tous le savoir. Nous ne sommes pas là pour ça, mais pour découvrir ensemble l’art des fleurs. »
Après une petite pause, il expliqua :
« L’ikebana, c’est l’art des fleurs vivantes, gardez bien ça en tête. On disait autrefois que seul un homme qui savait arranger les fleurs, savait aussi « s’arranger » se préparer convenablement pour gagner une guerre. Tandis que pour les femmes, connaitre cet art leur permettait d’arranger leur cœur pour recevoir l’amour d’un homme.
Mais outre ses considérations poétiques, l’ikebana est une pratique riche de contenu et de formes. D’ailleurs quelqu’un peut-il me dire à quel style appartient l’arrangement derrière moi ? »

D’un signe du bras il désigna les fleurs posées sur la table basse (Cf. La photo du premier post). Il se recula afin de garantir à tous une bonne visibilité et balaya la salle du regard. Il voulait voir les expressions de chacun. Il voulait découvrir quels seraient les audacieux ou audacieuses. Il devait bien y en avoir, il ne pourrait pas faire cours sans cela.

Bien que n’ayant jusqu’à présent – sa quatrième année au sein de la pension, donc – jamais assisté aux cours d’Ikebana, Tobeï devait en ce jour s’y présenter, bien malgré lui. N’ayant pas trouvé de réel utilité à ce cours qui lui était facultatif lors de son inscription dans cet établissement, le jeune garçon avait entre temps été soumis à la pression de sa mère adoptive, se voyant donc contraint de choisir cette option, quitte à devoir rattraper son retard en la matière. Pourquoi ? Parce qu’il semblait, que l’arrangement floral puisse lui ouvrir l’esprit sur sa vision de l’art, entre autres. Bien entendu, Tobeï n’avait de son côté pas la moindre envie d’assister à ces cours, majoritairement féminins.

En effet, une fois installé dans la salle, l’apprenti artiste ne manqua pas de remarquer le peu de présence masculine, se sentant ainsi inéluctablement mal à l’aise. Mais que diable faisait-il ici ? Pourquoi n’avait-il pas davantage contesté ? Voilà qu’il serait donc obligé, de suivre un cours qui – de son point de vue – ne lui serait d’aucune utilité, et – en plus – le confronterait à toutes ces idiotes d’apprenties Geisha ? Impensable.

Tentant d’oublier les faits, Tobeï ne manqua pas ici de s’adonner à son jeu favori en présence d’un nouveau professeur, observant Nowaki de son regard sombre et insistant. Que valait-il, celui-là ? Pour l’instant, il ne pouvait réellement le savoir, ne remarquant que le fait que son regard ne se porte régulièrement à la fenêtre. Avait-il donc tant envi de fuir son tout premier cours ? Non. Il ne s’agissait visiblement pas de cela. Alors quoi ? Tobeï ne pouvant le savoir, il se contenta alors d’attendre sa première prise de parole, non sans s’en amuser quelque peu, intérieurement.

Tentative d’autorité flagrante.
Regard empreint de sadisme ?

Et bien, cela ne valait certainement pas ceux de leur professeur de cérémonie du thé ! Ses camarades en étaient-ils seulement impressionnés ? Un instant, Tobeï laissa son regard parcourir la salle, tandis que leur professeur commençait à parler de la matière dont il était chargé, posant là sa toute première question. Ainsi, son attention se porta tout d’abord sur Hamarhia, qu’il ne tarda pas à ignorer, détournant son regard presque immédiatement. Angélique. Lymelud. De même. De toute évidence, Tobeï n’était pas réellement dans son élément, avec toutes ces filles. Et ce d’autant plus, qu’il avait vécu avec chacune d’elles quelques expériences plus ou moins dérangeantes. Finalement, le jeune garçon s’arrêta plus attentivement sur Akimitsu, la seule sans doute, à ne pas faire naître en lui d’important malaise.

A moins que… Finalement, si.

Détournant de nouveau les yeux – se sentant quelque peu étrange soudainement, inconsciemment intrigué par cette jeune fille – Tobeï les reporta cette fois-ci définitivement sur leur professeur. Sa question, il n’en connaissait pas la réponse. Pourtant, de son habituelle et silencieuse provocation – irréprochable dans la forme – Tobeï s’amusa ici à le fixer de cette subtile arrogance, visiblement sûr de lui. N’avait-il pas peur d’être interrogé, à ainsi gardé les yeux levés ? Non. Il n’avait pas peur. De toute façon, si cet homme n’était pas content, il n’avait qu’à le mettre dehors : Cela suffirait à mettre tout le monde d’accord. Du moins, en l’instant.

Le cours d’Ikebana était bien évidemment l’un des plus attendus, pour la petite Hatsu. Outres ceux de préparation esthétique et de danse traditionnel, il s’agissait en effet d’une matière majoritairement dédiée aux apprenties Geisha, se plaçant en son esprit au même niveau que la cérémonie du thé. Surexcitée par tant de découvertes en si peu de temps, la fillette s’était ici installée à côté de l’une de ses ainées, elle-même apprentie Geisha : Angélique. Pourquoi s’être placée à côté d’elle ? Tout simplement, parce qu’elle la trouvait très jolie, et donc – dans son esprit encore naïf et enfantin – sans doute très sympathique.

Restant silencieuse malgré les efforts que cela pouvait lui demander – Hatsu étant certes une élève sérieuse, mais non moins bavarde – elle ne manqua pas ici d’être attentive à son professeur, quelque peu impressionnée par ce dernier. Il semblait plutôt autoritaire, là, en laissant entendre quelques conditions au bon déroulement de son cours. Ne pas parler en même temps que lui, et ne pas jouer avec le matériel ? A priori, quelque chose de simple et évident, oui. Seulement, ce premier point ne manqua pas de faire un instant angoissé la petite japonaise, cette dernière ayant d’ores et déjà eu quelques problèmes vis-à-vis de son aptitude à toujours parler lorsque l’on lui demandait au contraire de garder le silence.

Bien, bien. Dans cette école, il lui faudrait faire des efforts.
Après tout, il serait tout de même fort dommage de s’en faire renvoyer, pour si peu.

L’Ikebana, c’est l’art des fleurs vivantes.

Hochant machinalement la tête en un mouvement vif et adorablement spontané, Hatsu retrouva finalement son naturel sourire, oubliant bien vite l’air stricte du jeune professeur, enjouée à l’idée d’entrer si rapidement dans le vif du sujet.

Pour les femmes, connaitre cet art leur permettait d’arranger leur cœur pour recevoir l’amour d’un homme.

Quelque peu sceptique à cette idée, la fillette grimaça un instant, ici sans doute impulsivement réticente lorsque l’on venait à lui parler d’hommes. Devrait-elle vraiment arranger son cœur, pour apprendre à recevoir l’amour d’un homme ? Beurk. Non. Et puis de toute façon, les Geisha n’avaient pas le droit, d’être amoureuse.

Restant malgré tout concentré sur le sujet du cours, la fillette regarda quelque peu autour d’elle, suite à la question qui avait alors été posée. Quelqu’un connaissait-il la réponse ? Les années supérieures, sans aucun doute. De son côté, Hatsu avait beau regarder cet arrangement au devant de la salle, elle n’avait pas la moindre idée, du style auquel il était associé.
Elle avait là, tout à apprendre.